Beaucoup le disent et le répètent : il n’y a que le travail pour avancer, des heures et des heures accumulées, le « millage » qui fait la différence ! C’est vrai, on ne peut plus vrai. Y’a pas à sourciller, faut se lever, s’y atteler, s’attacher les mains au clavier (comme Paul Sheldon dans Misery ?! ). Quand on pense que certains écrivains passent des années sur un seul livre, il y a de quoi soupirer. Et pourtant, et pourtant… le chemin est le but. Nous écrivons par plaisir, parce que nous adorons ça, la flamme de l’écriture nous dévore, nous en mourrons d’envie, n’est-ce pas ?

Pour rester connecter au plaisir et tenir loin de nous toutes pensées négatives, ou désespoirs, drames en tout genre, il suffit d’entretenir notre créativité chaque jour. Il suffit ! Muni de notre muscle créateur fortifié, il sera possible d’écrire en tout lieu, à toute heure. Rejoindre le pays de l’enfance quand jouer ne nécessitait pas de justification, nous jouiions pour jouer, voilà tout. Et bien nous, les fous d’écriture, nous écrivons parce que nous aimons ça, voilà tout. A la question « pourquoi écrivez-vous? », Frédéric Dard répond simplement « Parce que j’écris ! Autant demander à un escargot pourquoi il bave. C’est dans sa nature de laisser un sillage derrière lui, voilà tout. »

Evidemment, notre divine et néanmoins humaine capacité à créer est contrariée, pervertie ou anéantie, parfois, par le poids des to do list de nos vies encombrées, pressurisées ou remplies à ras-bord. C’est comme ça. Il y a des moments où ce n’est vraiment pas possible. Mais il y a beaucoup de possibles à créer, de l’espace, ça se fabrique, oui, oui. Julia Cameron a écrit un livre en 1982 : « Libérez votre créativité, la bible des artistes » qui propose des exercices concrets pour déterrer et entretenir son pouvoir créatif. Julia Cameron est l’ex-femme de Martin Scorsese (quand même…) et a enseigné l’art de la créativité pendant plus de 30 ans à l’université aux USA. J’ai découvert ce livre en 2013, il a changé ma vie. D’une certaine manière, il n’y a pas eu de révélations, mais le déclic pour moi, c’est que j’ai visualisé clairement « comment ça fonctionne » et ce qui empêche d’écrire.

II y a une disponibilité nécessaire pour aller à l’intérieur de soi et faire émerger les histoires enfouies. Et c’est possible de créer un espace propice pour se mettre en mouvement. Julia Cameron dit que cet espace en nous est comme la partie divine de notre être. Ainsi, devenir créatif n’est pas une compétence à ajouter mais un talent naturel à retrouver. Car, selon elle, l’être humain est créateur de par sa divine naissance. Un des deux exercices indispensables et quotidien à faire selon elle, est « les pages du matin ». Le 2e exercice consiste à prendre un rdv d’artiste avec soi-même, 2 heures au moins une fois par semaine. J’ai intégré l’exercice des pages du matin à mon programme Un an, un livre pour inciter tous les auteurs à pratiquer cette gymnastique. Il s’agit tout simplement de remplir 3 pages d’un cahier tous les matins. Ce n’est même pas de l’écriture, vous écrivez tout ce qui vous passe par la tête, pour vous débarrasser de ce qui vous encombre.

« Ce sont des pages d’écriture manuscrite dans lesquelles on donne libre cours à sa pensée : « Oh ! Mon dieu ! encore un matin… je n’ai RIEN à dire… Je dois laver les rideaux… Est-ce que j’ai fait ma lessive hier ? Bla-bla-bla… ». On pourrait aussi, moins glorieusement, les appeler lavage de cerveau, car c’est bien là une de leurs fonctions principales. Il n’y a pas de façon incorrecte de faire ces pages du matin. Ces vagabondages quotidiens ne sont pas censés être de l’art. Ni même de l’écriture. (…) Dans ces pages, vous devez laisser glisser votre main le long de la feuille et noter tout ce qui vous vient à l’esprit. Rien n’est trop insignifiant, trop bête, trop stupide ou trop étrange pour être exclu. Les pages du matin n’ont pas à paraître intelligentes – bien que, parfois, ce puisse être le cas. La plupart du temps elles ne le seront pas et personne n’en saura rien, sauf vous. Personne n’est autorisé à lire vos pages du matin, sauf vous. (…) Les pages du matin sont l’outil principal de la reconquête créative. Je vous conseille faire cet exercice tous les jours. (…) « Votre humeur n’a pas d’importance. (…) Nous avons dans l’idée qu’il faut en avoir envie pour écrire. Ce n’est pas vrai. Les pages du matin vont vous apprendre que votre humeur n’a pas vraiment d’importance. Certaines œuvres, parmi les plus créatives, sont réalisées les jours où vous avez l’impression que tout ce que vous faites ne vaut absolument rien. (…) Les pages du matin nourrissent l’artiste en vous. »

Libérez votre créativité, Julia Cameron

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